CE Circulation du 22 novembre 2016 : compte-rendu

EN DÉPIT DU BON SENS ET DE TOUTE MESURE !

Patrick JEANTET, le nouveau Président de SNCF Réseau a livré ses intentions pour les 5 ans à venir. Au menu : Productivité accrue et moins disant social! La délégation CGT a réaffirmé que cette perspective conduit à accélérer et à aggraver un délitement de la sécurité, les renoncements de missions de service public et les dégradations des conditions de travail! Cependant les cheminots des EIC (Etablissements Infrastructure Circulation) démontrent que sur de nombreux sujets et notamment économiques, leurs mobilisations permettent de faire bouger les lignes.

LA FEUILLE DE ROUTE

Dans la droite ligne des annonces de suppressions de 28 000 emplois en 7 ans par G. PEPY, P. JEANTET a au cours d’un séminaire des managers, livré ses objectifs pour SNCF Réseau.

Lors de ce CE Circulation la CGT a demandé des précisions sur la déclinaison de cette feuille de route à la DMC (Direction des Métiers de la Circulation).

En quelques mots, il s’agit d’externalisation, de sous-traitance, d’un objectif de 20% de réduction des coûts en 5 ans et bien évidemment d’user des dérogations offertes par la nouvelle réglementation du travail pour réaliser des gains de productivité par les suppressions de postes.

D’ailleurs P. JEANTET ne cache pas ses intentions ! Dans les médias, il fait l’éloge d’une externalisation accrue et propose même son expertise et son conseil aux régions pour une mise en concurrence de l’EPIC SNCF mobilité.

Il s’agit d’une drôle de conception de la solidarité des EPIC Réseau et Mobilité au sein du GPF que certains prétendaient gravée dans le marbre lors de la mauvaise réforme du ferroviaire.

TGV ET DESERTS FERROVIAIRES !

En plénière, la CGT a, une nouvelle fois, interpellé la DMC sur les dangers du manque d’entretien et les retards cumulés de maintenance qui pèsent sur l’exploitation des lignes.

De nombreuses régions voient leurs lignes à grande vitesse entretenues et leurs lignes secondaires laissées à l’abandon, allant jusqu’à menacer la sécurité.

Ces choix politiques d’investissements pèsent lourdement et dangereusement sur les usagers et les cheminots.

Par exemple, depuis le 31 juillet 2016 le dérangement de Block de voie unique sur la ligne Autun-Etang sur Arroux est permanent. Il n’y a plus d’intervention des services de maintenance pour relever les dérangements signalés par les agents circulations. Pour chaque circulation, les règles du cantonnement téléphonique sont appliquées sur la voie unique.

Entre 14 et 17 bulletins S (bulletins de franchissement de Sémaphore) sont délivrés chaque jour. Il s’agit d’une ligne transportant des voyageurs.

Tous les jours pour rejoindre leurs écoles des centaines d’enfants empruntent les trains circulant sur cette ligne de voie unique avec uniquement un cantonnement téléphonique… depuis près de 4 mois !

Durant 4 mois, plus aucun dispositif technique, autre que la rigueur des Agents Circulations, n’est en mesure d’éviter un nez à nez ou en rattrapage.

Le 20 Novembre, La Direction a, tout bonnement, décidé de fermer la ligne à l’exploitation des trains de voyageurs plutôt que de réaliser de simples travaux d’élagages d’arbres encombrants les lignes aériennes de block.

Au-delà des aspects tels que les menaces à terme de suppressions de postes, les risques psychosociaux pour les cheminots ou la sécurité, cette décision est l’aveu d’un véritable renoncement du service public et l’abandon de toute une partie des usagers.

Combien d’autres lignes sont ou seront fermées à l’exploitation par défaut d’entretien ?

Cette situation traduit la volonté de la Direction de l’EPIC Réseau d’abandonner le réseau capillaire et les lignes secondaires !

CCR UNE LUTTE GAGNANTE !

Depuis près de 3 ans, la CGT a alerté la DMC, quant au surdimensionnement des tables Gevrey Chagny et Chalon Fleurville dans le cadre de la mise en exploitation d’IHM3 (Interphase Homme Machine) à la CCR (Commande Centralisée Régionale) de Dijon.

En Aout 2015, les cheminots de la CCR de Dijon se sont largement mobilisés autour d’un préavis de grève déposé par la CGT et les organisations syndicales représentatives en Bourgogne, réclamant le redécoupage des secteurs circulations et la création d’une table supplémentaire.

Certaine de son outil d’aide au dimensionnement des secteurs circulations la Direction a refusé d’entendre raison ; arguant même que les tables étaient déjà paramétrées et qu’il était impossible techniquement de revenir sur une autre configuration sans frais exorbitants.

En Novembre 2016, 1 mois après la mise en exploitation d’IHM3, il apparait clairement que ces tables sont surdimensionnées et les agents circulations sont submergés par la charge de travail. Lors d’incidents, même mineurs, la sécurité est gravement menacée.

La CGT ne peut pas tolérer un tel délitement de la sécurité et a rappelé, en séance, les responsabilités de la DMC en la matière alors même que la CGT aux cotés des cheminots avait mise en garde la Direction depuis de longues années avant cette mise en exploitation.

Dernière minute : Face à l’évidence et à la détermination des cheminots, la direction de l’EIC Bourgogne Franche Comté a annoncé la mise en oeuvre d’un redécoupage des secteurs circulations. Il aura fallu attendre 3 ans et la mobilisation des cheminots de l’EIC, pour que la direction réalise que les véritables experts sont les cheminots. Preuve, s’il en fallait une, que la mobilisation des cheminots des EIC fait inévitablement bouger les lignes !

SOUS UN TAS DE FEUILLE !

La problématique de déshuntage des X 73500 et des BB60000 n’est pas résolue. La direction de l’entreprise doit réagir rapidement afin de regagner un haut niveau de sécurité des circulations. La délégation CGT l’avait déjà réclamé lors du dernier CE Circulation et la justice elle-même l’y enjoint!

Le 18 octobre 2016, le Conseil des Prud’hommes de BAYONNE a confirmé la légalité des droits de retrait exercés par les ADC suite au déshuntage. Le 20 octobre 2016, le tribunal correctionnel de Brest a condamné la SNCF pour homicide involontaire après la mort en 2006 d’une automobiliste à un passage à niveau à La Roche-Maurice.

Les procédures mises en place par les directions ont décuplé la charge des opérateurs pour garantir un minimum de prise en compte de la problématique, sans l’avoir définitivement contenu.

En effet les incidents de déshuntage se multiplient. Le 02 novembre, à ANDELOT, un X 73500 a complétement disparu des écrans des TCO (Tableau de Contrôle Optique) suite à un déshuntage. Il a fallu que le conducteur téléphone à l’agent circulation pour signaler la présence de son train devant un signal d’arrêt. Le 09 novembre, vers 15h00, à CONNERE BEILLE (72), le train n°777837, composé de 3 rames X73500 a déshunté. Pour les Directions, il s’agit uniquement de pollution du rail et de chutes de feuilles automnales.

Cependant ces multiplications de déshuntages démontrent que les mesures prises par les Directions sont loin d’être suffisantes. Leurs manquements peuvent conduire à des conséquences gravissimes.

Pour la CGT, la sécurité ne doit pas être prise à la légère et ne peut pas se résumer à un report de charges et de responsabilités sur les opérateurs circulations!

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